Newton.Vaureal Consulting – Cabinet de conseil en logistique et supply chain management – Paris

Et si la transition énergétique n’était plus seulement qu’une question d’environnement ?

Réchauffement climatique, diminution des ressources, élévation du niveau de la mer, augmentation des catastrophes climatiques … les sujets d’inquiétude sont nombreux et l’écologie est devenue, sans conteste, l’enjeu majeur de notre siècle. Les enjeux écologiques se traduisent dans l’ensemble de l’économie : pressions des gouvernements à coup d’arsenal législatif, pressions des consommateurs à coup de boycott, pression des salariés mais aussi des institutions financières. Les entreprises n’ont, à ce jour, plus d’autre choix que d’adopter des mesures concrètes et une stratégie green. Si de nombreuses directions de l’entreprise peuvent être impactées par ces enjeux, il en est une plus particulièrement touchée : la supply chain.

L’Etat français et l’Union européenne se dotent d’un arsenal de lois pour tenter de respecter leurs engagements pris lors des conférences internationales et notamment de maintenir le réchauffement climatique sous la barre des 2°C à horizon 2030. La dernière COP 26 nous a malheureusement rappelé à quel point il est difficile pour les Etats de respecter leurs engagements.

Côté émission de carbone, trois dispositifs majeurs ont été mis en place : les quotas d’émission, la taxe carbone et la compensation carbone.

–       Les quotas d’émission fixés par les autorités sont un système relativement décrié car permettant aux pollueurs de racheter les quotas d’entreprises plus vertueuses (60€ la tonne de CO2 en octobre 2021).

–       La taxe carbone : la France est l’un des 21 pays à avoir mis en place une taxe carbone en 2014 ! Cette taxe est aujourd’hui uniquement applicable sur le transport routier national. Les transports maritimes et aériens étant régis par des réglementations internationales, échappent pour lors à cette taxation. D’un montant initial de 7 €/t de CO2 en 2014, cette taxe s’élève en 2021 à 44.6 € et pourrait dépasser les 100 € en 2030. Peu connue du consommateur car intelligemment noyée dans le magma des taxes sur les énergies fossiles (TICPE), elle a néanmoins fait parler d’elle lors de la crise des gilets jaunes qui a sonné, tout du moins temporairement, le gel de son augmentation annuelle. L’équivalent par litre à la pompe s’élève entre 60 et 68 cts le litre et pourrait atteindre, si la courbe de croissance est suivie, 1€20/l en 2030. Entreprises et particuliers… sommes-nous prêts pour supporter cette hausse ?

–       La compensation carbone permet de compenser les émissions carbones par le financement de projets de réduction d’émission, par exemple, des projets de plantations ou d’énergie renouvelable.

Outre la taxe carbone, l’Etat continue de légiférer sur le domaine de la transition énergétique. La loi Anti Gaspillage pour une Economie Circulaire dite loi AGEC de 2020 met en place une série de contraintes avec des dates d’application espacées pour permettre aux entreprises de s’adapter. Elle se décline en cinq axes majeurs :

–       sortir du plastique jetable : fin progressive de tous les plastiques à usage unique d’ici 2040.

–       mieux informer les consommateurs : élargir ainsi obligatoirement à 2 ans la garantie légale de conformité et imposer sa mention sur les tickets de caisse dès janvier 2022.

–       lutter contre le gaspillage et favoriser le ré emploi, à partir du 1er janvier 2022, les invendus non alimentaires ne pourront plus être détruits.

–       agir contre

 l’obsolescence programmée et appliquer progressivement un indice de durabilité.

–       mieux produire en imposant aux filières polluantes de financer la fin de vie et le recyclage de leurs produits. Ainsi, à partir du 1er janvier 2022, les déchets de construction ou de démolition devront être repris gratuitement par les industriels, soit environ 46 millions de tonne de déchets par an qui feront désormais l’objet d’un recyclage.

Le temps est compté ! Janvier 2022, c’est demain !

Notre conviction est qu’outre le strict respect de la loi et le montant des amendes encourues, certaines entreprises ont d’ores et déjà pris une longueur d’avance sur leurs concurrents qu’il sera bien difficile à rattraper en l’absence d’une solide stratégie green.

La tendance actuelle est en train de s’inverser. Là où les missions de conseil en supply chain avaient essentiellement pour objectifs des enjeux financiers et de performance de service, nous menons de plus en plus de missions justifiées par la transition écologique.

Les consommateurs se muent en consom- acteurs sélectionnant leurs produits en fonction de la saison, de leur taux de transformation et d’emballage mais aussi de leur lieu de fabrication et des kilomètres parcourus avant leur arrivée en rayon. Selon une étude menée par Ipsos pour l’Observatoire E. Leclerc, 95% des français estiment que la population doit durablement changer ses modes de consommations.

Selon une étude européenne menée par Oney et Opinion way en 2020, les pratiques responsables s’accélèrent depuis trois ans et un consommateur sur trois consomme plus de produits bio ou locaux, trie davantage ses déchets …

Si aucune étude ne saurait montrer avec précision l’impact actuel et futur de ce changement de paradigme, force est de constater que malgré un frein financier qui peut subsister, les considérations environnementales sont devenues un facteur de choix dans nos modes de consommations. Certaines enseignes ont bien compris ce changement du consommateur.

Decathlon a pris ici une grande avance sur ses concurrents et affiche désormais l’emprunte carbone de ses vêtements, par exemple 4kg de CO2 pour un tee shirt, soit l’équivalent d’un Paris-Versailles en voiture essence (20km). Outre l’emprunte carbone, la même enseigne de sport affiche une note environnementale, permettant de comparer des produits d’une même catégorie. A titre de consommateur, connaissez-vous l’empreinte carbone de votre tenue du jour ? Mais surtout, à titre de professionnel, êtes-vous prêts à communiquer et à afficher l’empreinte carbone de chacun de vos produits et services ?

 Côté bricolage, le leader français Leroy Merlin développe son offre de recyclage en proposant des produits de seconde main. L’offre débute par les perceuses et les ponceuses, dont une étude démontre que ces appareils sont en moyenne utilisés seulement 13h dans leur vie !

Le salarié, un client pas comme les autres, à ne surtout pas négliger. Les entreprises peinent de plus en plus à recruter et doivent aujourd’hui séduire, convaincre et se démarquer à la fois pour recruter et pour fidéliser.

Un salaire, un CDI et une perspective de carrière ne sont plus suffisants pour la génération des Millénials (80’S – 2000) ou la génération Z (née après les années 2000) qui sont de plus en plus en quête de sens en cette période de crise sanitaire. L’exemple de la société de conseil Mc Kinsey risque de faire écho. En marge des négociations de la COP 26, 1 100 employés de la firme internationale se sont mobilisés arguant que leur employeur qui conseillait 43 des 100 entreprises les plus polluantes au monde devait prendre ses responsabilités dans la lutte contre le changement climatique. C’est la naissance du green management.

Les banques et les investisseurs veulent aujourd’hui financer des entreprises responsables ET VERTUEUSES.  Ainsi, les places financières s’engagent à leur tour pour une finance durable et une économie décarbonée et cela passe par des actions concrètes : le « dé-financement » de projets ou d’acteurs pollueurs, la création de label d’investissement responsable (le label ISR par exemple) et la création de « green bonds » ou obligations vertes en faveur d’opérations soutenant la transition énergétique. Avant de valider un prêt, la banque de votre entreprise vous demandera probablement demain votre bilan carbone, votre stratégie de décarbonation ainsi que la façon dont vous gérez vos déchets.

Si la transition énergétique concerne toutes les directions de l’entreprise, que ce soient les RH, la finance et bien évidemment le marketing, une fonction semble plus particulièrement au centre des stratégies de réduction de l’empreinte carbone : la Supply Chain.

De son sourcing, en passant par sa chaîne d’approvisionnement, ses flux d’information, sa chaîne de production, les moyens de transport utilisés, la gestion de son stock et de ses invendus, jusqu’au recyclage de ses produits, la Supply Chain est l’un des leviers essentiels à la prise en compte des enjeux environnementaux des entreprises.

Diminuer votre empreinte carbone de plus de 10% est possible : de nombreux axes peuvent être envisagés :

–       travailler avec vos prestataires transport en accompagnant leur transition écologique sur les routes permettant des carburants propres.

–       diminuer le taux de vide dans vos camions, mais aussi dans vos colis en adaptant leur taille à celle de leur contenu, ce qui permet aussi d’alléger votre facture de consommable et de carton dont les prix s’envolent depuis la COVID.

–       optimiser votre plan transport et limiter le nombre de kilomètres parcourus.

–       limiter vos surstocks en améliorant votre process de S&OP.

–       optimiser votre reverse logistique …

Mais avant tout projet d’optimisation, la première étape est de mesurer et de dresser le bilan actuel de vos émissions.